POLLUTION | Des feux tricolores mieux réglés pour engendrer moins de pollution à Strasbourg

A Strasbourg, une expérimentation vient de démarrer pour réduire la pollution atmosphérique. Sur une avenue du sud de la ville, les feux tricolores vont être reparamétrés Objectif : réduire les temps d'attentes et donc la pollution de l'air.

30 avril 2021 à 17h53 par Pierre Maurer

DKL DREYECKLAND
Crédit : L'avenue de Colmar à Strasbourg sert de cadre à l'expérimentation qui a débuté le 19 février - pho

L'expérience qui a démarré ce lundi 19 février est une première en France. Elle concerne l'avenue de Colmar, une des voies d'accès principales à l'agglomération par le sud. Sur cet axe, les véhicules qui circulent marquent près de 17.100 fois l'arrêt à un carrefour. Autant d'actions de « stop and go » comme les qualifient les spécialistes du trafic... et autant d'émissions de particules plus nombreuses lors du redémarrage ou du freinage des véhicules.

Des simulations encourageantes

La Ville de Strasbourg, dans le cadre de son plan « ville respirable », a mandaté le bureau d'études PTV Group et le SIRAC pour créer une expérimentation grandeur nature sur cette avenue, à hauteur de six carrefours stratégiques. Ils sont situés entre le restaurant Mc Donald's (limite nord) et le carrefour avec la rue du Rhône (au sud).

Le test consiste à reprogrammer les cycles des feux tricolores pour optimiser les temps d'attente des véhicules et ainsi diminuer les « stop and go » et les émissions polluantes.

Yves Logel / Directeur du SIRAC "C'est un réel dispositif innovant et on le teste à Strasbourg"

Sur ordinateur, la simulation a permis de réduire de 9% ces arrêts/redémarrages. De même, les émissions de gaz et particules sont également revus à la baisse :

• -6% pour les émissions de CO2

• -8% pour les oxydes d'azote (NOx)

• et jusqu'à -9% pour les émissions de microparticules PM10

La phase opérationnelle lancée

Désormais, la phase d'étude est achevée. Les feux ont été reprogrammés depuis ce lundi 19 février. Objectif : confirmer les résultats de la simulation et évaluer le trafic et les temps de parcours avant et après la mise en place du test.

Pour procéder à ces réglages et à ce test, la ville s'est adressé à PTV Group, un des leaders du secteur en matière d'étude des flux et des déplacements. Son directeur, Frédéric Reteunauer.

Frédéric Reutenauer / PTV "On va rajouter une couche logicielle à l'existant"

Le test sera mené jusqu'à la fin de l'été. Cela va permettre d'observer les dispersions des polluants mais aussi leur concentration en période hivernale puis estivale. Pour cela, une station de mesure d'ATMO Grand Est a été installée au centre du secteur de l'étude.

Et dans le futur ?

La nouveauté de cette approche, c'est de considérer que la pollution atmosphérique est la donnée d'optimisation de la circulation, et non plus sa conséquence.

Emmanuel Rivière / ATMO Grand Est "Demain on pourra installer des stations en temps réel"

ATMO Grand Est, grâce à ses relevés, va constituer une base de données conséquente. Elle envisage aussi de tester des capteurs instantanés de pollution, installés à hauteur des carrefours, pour mesurer quasiment en temps réel les taux de polluants... avant, un jour peut-être, d'ajuster en permanence le logiciel de gestion des feux en fonction des rejets polluants dans l'atmosphère.