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GRAND FORMAT | Portrait de Sophie, une infirmière alsacienne engagée dans la Réserve Sanitaire

On traverse l'Atlantique : direction la Guyane où les hôpitaux sont sous tension depuis plusieurs semaines, en raison de l'épidémie de Coronavirus. Des médecins et infirmiers de la Réserve Sanitaire sont arrivés en renfort et parmi-eux se trouve une alsacienne, Sophie Voltzenlogel. Elle mène sur place sa troisième mission. Nous l'avons contactée pour en savoir plus sur ce qu'est la Réserve et pourquoi elle avait décider de l'intégrer.

10 février 2021 à 8h03 - Modifié : 4 mai 2021 à 11h53 par Pierre Maurer

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Sophie Voltzenlogel, infirmière en Alsace, effectue actuellement une mission en Guyane
Crédit : DR/SV

Faire face à l'épidémie de coronavirus depuis chez soi n'est déjà pas une mince affaire... Alors partir l'affronter à l'autre bout du monde, dans des zones où la situation est encore plus critique, c'est un défi supplémentaire ! Ce n'est pourtant pas ce qui a freiné Sophie Voltzenlogel.

Cette infirmière libérale, installée dans le Bas-Rhin, a décidé de s'engager dans la Réserve Sanitaire l'an passé. Une décision qui fait suite à une réflexion personnelle. « Je ne connaissais pas la Réserve jusqu'alors, c'est un ami qui m'en a parlé et qui m'a expliqué ce que c'était » avoue la soignante, précisant que pendant la première vague de l'épidémie et du confinement, elle « se trouvait un peu bête dans son coin, à ne rien faire pour aider à la gestion de cette crise. »

Trois missions en moins d'un an

Sophie mène actuellement sa troisième mission. L'an passé, pour sa première affectation, elle avait déjà été envoyée en Guyane, bien loin de son village d’Offendorf ! Elle a ensuite participé à une mission lors des fêtes de fin d'année en France avant d'être rappelée il y a quelques semaines pour retourner en Guyane.

Cette contrainte d'être réactive, c'est d'ailleurs ce que Sophie redoute un petit peu... « On est appelé trois ou quatre jours avant de partir. Pour moi c'est compliqué à organiser localement [Sophie est infirmière libérale et ostéopathe, ndlr] et je dois vite m'arranger avec des collègues pour qu'elles puissent me remplacer dans mes tournées » détaille-t-elle, non sans oublier de préciser que les conséquences pour la vie de famille sont également délicates. « J'ai de la chance d'avoir un super mari qui gère très bien tout ça et qui n'a aucun souci de me voir partir ! Je sais que je peux partir sereinement ! »

Avec les enfants, c'est un peu plus délicat. Même si avec ses deux grands fils, cela ne pose pas de problème, Sophie est davantage préoccupée par les conséquences que cela engendre avec sa fille de 7 ans. Pour éviter les grandes coupures liées aux missions, Sophie envisage « de ne pas repartir pendant quelques temps ».

Une réservoir de professionnels de santé mobilisable au gré des grandes crise sanitaires

En Guyane, Sophie renforce le personnel d'un service de réanimation du centre hospitalier de l'ouest-guyanais, à Saint-Laurent du Maroni, à 200km environ de Cayenne. Bien qu'elle connaisse les procédures et les usages médicaux, chaque arrivée dans un nouveau service synonyme de découverte et parfois d'appréhension. « C'est un peu le choc des cultures ! On arrive avec nos habitudes de métropolitains, dans des populations qui n'ont pas du tout les mêmes références culturelles et la même vision de la santé » reconnaît-elle. Mais il faut composer avec ces différences.

Durant près de quinze jours sur place, Sophie ne va pas compter ses heures ni faire du tourisme... Les rares occasions de découvrir le pays se font souvent entre réservistes. Les professionnels mettent également ces moments à profit pour faire plus ample connaissance car à chaque mission, les effectifs tournent.

Pourquoi, alors, avoir choisi de s'engager dans la Réserve Sanitaire ? « Il faut avoir envie d'aider, avoir aussi le goût du dépaysement et surtout pas avoir peur de sortir de sa zone de confort » prévient Sophie, qui assume presque tous les sacrifices qu'exige cet engagement. Elle déplore toutefois, en toute humilité, que cela exige également des sacrifices financiers car le versement des défraiements et de la paye se fait bien après la mission...

« Il faut avoir envie d'aider, oui (…) mais surtout pas arriver comme un cow-boy et dire +je vais sauver la Terre+ parce que là, c'est mort ! » conclut-elle dans un grand sourire.

La Réserve Sanitaire en chiffres

Depuis le début de la crise du Covid, le recours à la réserve sanitaire est régulier. Plus de 4 000 mobilisations de réservistes sanitaires ont déjà été réalisées.

Selon Santé Publique France, « la mobilisation des réservistes sanitaires sur les missions liées à la COVID-19 est sans précédent dans l’histoire de la Réserve sanitaire avec plus de 51.40 journées de missions cumulées, 130 alertes lancées, plus d'une quinzaine de professions différentes mobilisées et 16 régions renforcées ».

Les premières missions de la Réserve sanitaire ont commencé fin janvier 2020 lorsque 60 réservistes sanitaires ont été mobilisés à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle avec pour mission d'informer les passagers en provenance des zones à risque à leur descente d’avion.

En mars, des réservistes sanitaires ont été mobilisés, sur demande des Agences régionales de santé concernées, pour renforcer les équipes locales faisant face au COVID-19

Enfin, depuis septembre 2020, les réservistes sanitaires continuent d’être mobilisés, sur demande des Agences régionales de santé, pour renforcer les équipes locales qui font face au COVID-19 sur des missions de renforcement des centres hospitaliers (et plus particulièrement des services de réanimation ou des unités Covid). Les équipes renforcent enfin aussi les établissements médico-sociaux.